samedi 29 mai 2010

Fiche de lecture sur « Zone » d’Apollinaire

Fiche de lecture sur « Zone » d’Apollinaire :



Introduction :


Guillaume Apollinaire (1880-1918), figure de l’avant garde et poète de la modernité de la « Belle Epoque », lié d’amitié avec « Braque » ou encore « Picasso », figure incarnant le cosmopolitisme (fils d’une mère polonaise et d’un père Italien), commence par « Zone », poème d'ouverture de son recueil Alcools (1913).

En changeant le titre du recueil « Eau de vie » par « Alcools » et en décidant de supprimer toute ponctuation, l’auteur rajoute en tête d’ouvrage le poème « Zone »

(Dernier écrit de l’ensemble), qui lui donne ainsi une orientation philosophique. Certains vers sont détachés, d'autres regroupés en strophes, il n'y a pas de régularité. Ce sont des vers libres c’est à dire que les règles de versification ne sont pas respectées. Ces vers riment à peine : ils sont assonancés. Le poème n'est pas complètement déroutant, mais apparaît quelquefois bizarre.

Dans un premier temps, nous verrons en quoi cet extrait du poème Zone est innovant pour 1913, puis nous analyserons comment Apollinaire fait l'éloge du monde moderne.


I) L'innovation poétique :

1.1) Une énonciation originale

1.2) L'écriture


II) L'éloge du quotidien, de la modernité

2.1) Le monde nouveau, opposé au "monde ancien" et à "l'antiquité"

2.2) Le monde ancien et éternel

2.3) Une esthétique nouvelle





1.1) Une énonciation originale

Il n’apparaît pas d’ordre logique dans le déroulement du poème.

Indice personnel : Utilisation du « Je », c’est à dire le poète (v.15 → 23)

Indice personnel : Utilisation du « Tu », christianisme personnifié, Apollinaire s’adressant à lui-même à la 2ème pers du singulier (v.7)

Dialogue fictif entre le poète et le Christianisme (Pape Pie X).

Enonciation personnelle complexe et propice aux ambiguïtés.

Indices temporels : On peut donc se demander où sont situées les paroles du poète. Repères brouillés, ponctuation inexistante, décalage constant, effort de représentation de la part du lecteur, réalité fragmentaire.

A partir du vers 16, évocation du rythme hebdomadaire et quotidien de la rue industrielle.

L’innovation du poème se trouve aussi dans l'écriture.



1.2) L'écriture


Absence de rimes : au début, assonances et rimes pauvres.

Rythmes non classique : vers libres, pas de mètres particuliers, vers plus longs. Rupture des habitudes des poètes de l'époque. Pourtant, poème car vocabulaire poétique.

Premier à supprimer la ponctuation.


Nombreuses expressions familières, banales : "il y a", "prospectus"

Risque pour la qualité poétique du texte.

Familiarité afin de faire l'éloge du quotidien, de la vie moderne.


2.1) Le monde nouveau, opposé au "monde ancien", à "l'antiquité" :

Dés le début : éloge du changement, de la modernité.

Strophe 4 : interpénétration de deux monde qui s’opposent : la simple religion ancienne et le monde moderne des automobiles et des avions. (V.4 à 6)

Strophe 5 : choque entre les deux monde, source de conflits, comparaison entre la poésie du monde moderne (affiches, prospectus, journaux, police) et la religion. (V.7 à 14)

Lancement de l’ Art Nouveau, incitation envers les écrivains de changement (nouveautés), innovation récentes, désintérêt (Antiquité grecque et latine)

Apollinaire fait l’éloge de la vie quotidienne « Rue industrielle ».

A partir du V.11, évocation de la rue, description, énumération (affiches etc…), prose populaire (journaux, romans policiers)→ littérature moderne.

Idée de la rue (Une, gros titre, photo) V.21 : « les inscriptions des enseignes et des murailles ».

Evocation plus banale des bruits, mouvements, fréquence de passage des employés (V.18) → idée de modernité lié à l’idée de quotidienneté.

Capacité à déchiffrer la ville à travers les mots (publicités etc…) : La publicité représente la poésie

Décalage notable entre commerce et poésie. Volonté de dire le contraire de ce qui est convenu. Poésie liée à la démocratisation.

Prose revient à la presse (livres considérés comme des produits de consommation)

Ville où hommes et femmes travaillent, et qui est encore rythmée par la cloche, mais aussi par les horaires des travailleurs → réseaux lexical du bruit

Métaphores visuelles v.15-16 → vision naïve et amusante de la ville.

2.2) Le monde ancien et éternel

Ville étant sujet de poésie est associé au monde ancien (V.1) et à l’antiquité grecque et romaine.

Apollinaire se détourne de l’inspiration classique et traditionnelle pour le modernisme.

La religion est pour lui éternelle (au dessus des valeurs V.7) ; Il l’associe à la modernité dans un monde matérialiste (pourtant pas de manifestation de foi)

Il met en œuvre une réflexion sur lui-même ; association de la religion à son enfance (honte d’entrer dans l’église car pas réellement croyant)

2.3) Une esthétique nouvelle

V.2 à la gloire de la Tout Eiffel qui apparaît comme un symbole de modernité.

Référence au cubisme caractérisé par une déconstruction de l’objet représenté, fragmentation, collage, métaphore et analogie explicite « Bergère ô Tour Eiffel / le troupeau des ponts / bêle ce matin »

Reprise de sonorité métonymie de lieu. ; Coïncidence métaphorique et métonymie (sonorité)


Conclusion :

Zone est catégorisé dans les " Arts poétiques " de l’œuvre d’Apollinaire en raison des innovations majeures qu’il apporte à la poésie. Il est l’exemple littéraire de la recherche de formes discontinues et juxtaposées qui soient porteuses de sens.

On retrouve dans Zone toute l'originalité de Guillaume Apollinaire. C'est un poème révèle l’originalité profonde d'Apollinaire, aussi bien dans l'écriture que dans le choix des images. Le thème religieux n'est pas au centre du poème, c'est ici un thème intermittent, à l'image du sentiment religieux du poète.


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